Eric 
Zemmour, auteur du  livre « Le suicide français », en tête des ventes en
 France, est accusé d’avoir, dans un entretien au Corriere della Sera, 
journal italien, évoqué l’éventualité de la déportation des musulmans de
 France, comme réponse à l’échec de l’assimilation et du modèle 
multiculturel. Il parle des risques d’une guerre civile en 
France qui seraient liés à la présence des musulmans, du fait qu’ils « 
vivent entre eux, dans les banlieues ». Le Cran veut en 
réaction citer Éric Zemmour à comparaître "pour apologie de crime contre
 l'humanité et incitation à la haine raciale".
Une
 série d’autres associations ont annoncé jeudi des actions en justice et
 appelé les médias à cesser leur collaboration avec le polémiste, SOS 
Racisme ayant lancé de son côté une pétition. Le Ministre de l’intérieur
 lui-même a appelé à se mobiliser contre ce dernier. C’est 
Jean-Luc Mélenchon qui a publié un billet sur son blog avec la 
traduction de l’interview où est avancée qu’Eric Zemmour aurait parlé de
 « déportation... » Il s’en défend expliquant sur RTL qu’il n’a jamais 
prononcé ce mot, pas plus qu’il aurait répondu à une question du 
journaliste le contenant.
Par-delà le débat sur le mot, si on ne peut 
que fermement condamner des propos qui défendent l’idée d’une mise à feu
 et à sang de la France par les musulmans, identifiés à la peur de 
l’étranger, suggérant pour remède des expulsions massives, on doit s’interroger sur ce déchaînement de procédures et d’appels à faire taire le polémiste. iTELE a déjà annoncé la fin de l'émission dans laquelle il intervenait.
Après la Licra, l'UEJF a annoncé une plainte
 pour "incitation à la haine raciale". La Grande Mosquée de Paris (GMP),
 le Conseil Français du Culte Musulman, le Rassemblement des musulmans 
de France et l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), le 
Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), annoncent vouloir 
faire de même. On assiste à un amalgame curieux d’associations 
qui pourraient s’affronter violemment sur d’autres terrains qui se 
retrouvent là, avec un mélange en quelque sorte contre-nature. On
 ne voit pas bien ce qui pourrait réunir l’UOIF, organisation qui milite
 pour un islam pur et dur, qui invite les Frères Ramadan à ses congrès 
et des chefs religieux radicaux, qui font de la publicité pour la charia
 et rejettent les valeurs occidentales qu’ils critiquent partout sur 
leur passage, et la Licra ou SOS Racisme, plus respectueuses de nos 
valeurs communes et de la République ? Ne parlons pas encore du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF)
 qui considère la laïcité comme un outil d'exclusion contre les 
musulmans et met sur le même plan dans sa logorrhée antirépublicaine 
notre Premier ministre Manuel Valls, Vincent Peillon, la Sénatrice PRG 
Françoise Laborde et Marine Le Pen !
Le CRAN lui-même, qui se présente en
 défenseur permanent des opprimés, alimente le moulin d’un Eric Zemmour 
par son combat en faveur de la reconnaissance d’une logique des 
minorités, opposant noirs et blancs selon un discours de 
victimisation qui désigne la France comme encore habitée par un racisme 
postcolonial. C’est un stéréotype des contradictions qui traversent le 
débat politique français et sèment le trouble. Si le 
bouc-émissaire pour le FN c’est l’étranger désigné comme responsable de 
tous les maux, pour le CRAN, c’est la France et les Français, invitant 
de la même façon à se tromper de colère. Face aux difficultés 
économiques et sociales que connaissent, comme bien d’autres, les 
personnes de couleur, l’organisation les interprète comme autant de 
faits de discrimination dont elles seraient systématiquement frappées, 
alors que tous bénéficient largement de l’égalité des droits contenue à 
l’Article premier de notre Constitution. Non que les discriminations 
n’existeraient pas dans notre pays, dont la moindre doit être évidemment
 combattue, mais elles sont ici, selon tous les indicateurs, un facteur 
clairement minoritaire. On assiste à une même démarche, à 
travers le discours de victimisation d’une partie des musulmans engagés 
dans un militantisme religieux, qui entend imposer ses règles à la 
société française.
On explique qu’on entend trop le journaliste
 incriminé sur les chaînes et les radios. Peut-être… Mais n’est-ce pas 
finalement d’abord, parce qu’Eric Zemmour apparait comme l’épouvantail 
idéal, dont les excès autorisent tous les amalgames, tel le conglomérat 
des associations qui se pourvoient contre lui s’en fait le reflet, dont 
certaines feraient bien de s’interroger sur l’après ? Cela 
justifie aussi le rejet de bien des questions sérieuses posées à la 
société française, que le polémiste traite sur le mode de la caricature 
et de la provocation crispé sur une posture identitaire 
conservatrice, auxquelles il faut néanmoins absolument répondre mais 
avec mesure et sur le fond.
En appeler de façon générale à interdire 
d’antenne un journaliste en s’attaquant ainsi à une liberté 
fondamentale, est-ce bien raisonnable? Personne n’a heureusement le 
pouvoir de le faire, comme le CSA vient de le rappeler. Ceux
 qui en appellent à cela, rejoignent les promoteurs d’un combat qui vise
 à faire taire l’existence de problèmes majeurs concernant notre 
vivre-ensemble, qui sont comme autant de cocottes minutes prêtes à 
exploser, comme toutes les enquêtes d’opinion le montrent. Selon une étude réalisée par l'institut Sociovision
 publiée début décembre, sur la perception de la religion par les 
Français, « la laïcité est une valeur qui progresse dans l'Hexagone sauf
 pour les musulmans (pratiquants) ». Alors que la religion s’est 
sécularisée progressivement en France on assiste à un mouvement inverse 
avec une partie de l’islam qui se raidit, qui fait retour à la tradition
 et à une conception communautaire fermée, avec une montée croissante 
des revendications communautaires à caractère religieux, comprenant le 
risque du communautarisme et de division de notre société. Cette façon, 
pour une partie de la population de la France, de faire passer une 
religion, la foi, avant la citoyenneté (« Le droit est sans prise sur la
 foi » nous disent, Chems-eddine Hafiz et Gilles Devers, les avocats de 
 la mosquée de Lyon et de la mosquée de Paris. Droit et religion 
musulmane, Dalloz, 2005, Pages 34 à 36), est perçue légitimement par 
d’autres, comme un risque majeur d’éclatement de notre société et 
d’affaiblissement de sa cohésion, d’effritement de ses forces sociales, 
de mise en situation de vulnérabilité face à un groupe religieux qui se 
transforme en groupe de pression qui va croissant. Une enquête d’opinion
 encore plus récente montrent que les Français ont changé d’avis 
concernant le droit de vote des étrangers, puisqu’ils étaient 61% à y être favorables en 2011 et 60% contre aujourd’hui.
Ce ne sont pas les propos d’un Zemmour, qui 
est comme un symptôme politique, qui amènent à ce constat, mais la 
réalité ! Notre société est devenue plus composite qu’il y a 30 ans, et 
c’est un défi que de parvenir à faire vivre ensemble autant d’individus 
différents. Si elle peut-être considérée comme multiculturelle 
sociologiquement elle ne l’est pas juridiquement, bien heureusement. 
Nous avons su éviter le piège du communautarisme jusqu’à présent, qui 
est un poison pour nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, 
mais le danger existe. Le CRAN, à travers sa profession de foi qui est 
d’aller chercher dans le passé à activer un ressentiment des noirs 
envers la France qu’il instrumentalise, pousse au refus du mélange entre
 blancs et noirs, de la même façon que monte le refus du mélange au-delà
 de la communauté de croyance chez de nombreux musulmans pratiquants, 
avec l’affirmation d’un port du voile qui le symbolise.
Comment oublier que ces phénomènes se 
produisent dans le contexte d’une grave crise de notre système de 
représentation, au regard d’un peuple qui très largement ne s’y 
reconnait plus, avec un clivage droite-gauche de plus en plus inopérant ?
 Une situation qui pourrait conduire à une belle catastrophe pour la démocratie et nos libertés. Ce
 qui est en train de devenir historiquement l’Affaire Zemmour ne doit 
pas conduire à interdire de penser mais au contraire justifier de 
libérer la parole autrement, pour déjouer ce piège contenu dans la volonté d’étouffer un débat indispensable à définir ce que nous voulons comme société.
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