Image à la Une : Le President
turc (alors Premier Ministre) Recep Tayyip Erdogan, à droite,
rencontrant les leaders du Hamas Khaled Mashaal (center) and Ismail
Haniyeh le 18 Juin 2013, à Ankara, Turquie. (Image source: Turkey Prime
Minister’s Press Office)
Erdogan a délibérément négligé une
différence significative entre le Hamas et les partis islamistes de
Turquie: le Hamas préconise spécifiquement la violence, tandis que les
partis turcs opèrent dans un cadre politique démocratique.
Le Hamas coordonne ses efforts
en Cisjordanie (Judée-Samarie) avec un soutien logistique dont le centre
de commandement est à Istanbul.
En 2004, le président turc (alors
Premier ministre) Recep Tayyip Erdogan a qualifié Israël « d’Etat
terroriste. » Deux ans plus tard, il accueillait Khaled Mashaal, le chef
du Hamas. Faisant allusion à l’expérience de la Turquie avec les partis
islamistes, dont le sien, venu au pouvoir par des élections, M. Erdogan
a déclaré: « Le choix du peuple (lors du scrutin) doit être respecté. »
Erdogan, citant la victoire électorale du Hamas à Gaza, apparemment
voulait légitimer le Hamas et le terrorisme.
Toutefois, il a délibérément négligé une
différence significative entre le Hamas et les Partis Islamistes de
Turquie: le Hamas préconise spécifiquement la violence, tandis que les
Partis Turcs opèrent dans un cadre politique démocratique.
Huit ans après la visite de Mashaal en
Turquie, le Hamas coordonne ses efforts en Cisjordanie (Judée-Samarie)
avec le soutien logistique d’un centre de commandement à Istanbul – un
fait qui agace apparemment, même l’Autorité Palestinienne [AP],
partenaire avec le Hamas au Gouvernement des Territoires palestiniens.
La Turquie est aussi l’hôte de Salah
al-Aruri, un commandant du Hamas que l’Autorité Palestinienne a accusé
de planifier plusieurs attaques contre des cibles israéliennes.
Selon les médias israéliens, le Shin Bet
a la preuve que les attaques meurtrières contre des Israéliens ont été
planifiées au siège du Hamas à Istanbul. Les diplomates turcs nient sans
conviction ces affirmations. Israël aurait demandé à l’OTAN et au
gouvernement américain de prendre des mesures contre le soutien de la
Turquie à une organisation terroriste.
C’est, en fait, Aruri qui, le 20 août,
lors de la Conférence mondiale des Sages islamiques en Turquie, a admis
que le Hamas avait instigué l’ »action héroïque menée par les Brigades
al-Qassam [l'aile militaire du Hamas], dans la capture des trois colons à
Hébron « . Les trois adolescents ont été enlevés et assassinés par des
activistes du Hamas, un acte qui a déclenché la spirale de violence qui a
conduit à la terrible guerre de 50 jours contre Gaza cet été.
La plupart des observateurs occidentaux ont tendance à expliquer
l’histoire d’amour de M. Erdogan avec le Hamas par la realpolitik et le
pragmatisme – en ce que la Turquie a cherché à asseoir son influence
dans la région parmi les nations arabes en décidant de devenir le
puissant défenseur de la «cause palestinienne».Cet auteur donne à penser qu’il y a aussi « une histoire d’endoctrinement » derrière l’histoire d’amour.
L’un des philosophes et écrivains les
plus influents qui a inspiré une jeune génération d’islamistes turcs à
la fin des années 1960 et au début des années 1970 était Nurettin Topcu (1909-1975).
Ses écrits ont grandement influencé une classe émergente de djihadistes
turcs qui se sont réunis sous l’égide de l’Union nationale des
étudiants turque (MTTB, son acronyme turc). Les théories de Topcu et
d’autres penseurs ont fondé ce qui sera plus tard connu sous le nom de
la «synthèse turco-islamique», ou tout simplement l’islam politique
turc. Dans les vues de Topcu, «l’islam est l’esprit et le coeur d’un
Turc et la synthèse turque est son corps. » L’un des membres les plus
enthousiastes de MTTB fut Erdogan.
Dans un discours de 2010, Erdogan a fait
référence à Topcu, ce «grand penseur», ainsi qu’à une demi-douzaine
d’autres écrivains, La même année, dans un autre discours, Erdogan a
déclaré que Topcu était « le miroir de ce pays. » Plus récemment, dans
une interview, M. Erdogan a cité onze noms comme étant «les plus grands
écrivains de l’histoire ottomane et turque.» L’un d’eux était Topcu.
Aujourd’hui, un centre culturel et un
certain nombre d’écoles primaires, y compris à Ankara et Istanbul,
portent fièrement le nom du philosophe. Cette année, un sous-ministre a
inauguré une école politique baptisée Nurettin Topcu. Juste la semaine
dernière, des gros bonnets et des bureaucrates gouvernementaux ont
organisé une table ronde sur « Le MaÎtre Nurettin Topcu et Notre Cause
pour l’éducation. »
Mais qu’est-ce qui rend ce
philosophe turc diplômé de la Sorbonne si cher aux cœurs et aux esprits
des dirigeants turcs? Peu de temps après la guerre des Six-Jours en
1967, Topcu avait publié trois essais: «La cause islamique et le
judaïsme», «L’argent et le Juif» et «Les êtres humains et les Juifs».
Le chroniqueur d’un journal pro-Erdogan, Ibrahim Tenekeci, a écrit dans sa chronique pour le quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak,
au début de cette année: « [Les écrits de 1967 de Topcu] reflètaient la
colère d’un musulman … un noble défi, une position honorable. »
Mais quels sont les enseignements de l’un des penseurs préférés du président turc?
Dans “l’argent et les juifs” Topcu écrit :
« L’humanité a deux ennemies, deux Satans: l’argent et les juifs. »
Dans « La Cause Islamique et le Judaïsme », on trouve sous la plume de Topcu:
« Aussi longtemps que [l’Etat d’]
Israël reste là, le monde turc et islamique sera en danger. L’avenir
appartient à l’un des deux : Israël ou les mondes turc et islamiques. »
Et dans son ouvrage « Les êtres humains et les juifs » :
«Les juifs sont l’éternel supplice de l’humanité; ce sont des mains ensanglantées et coupables… »
« La nation juive a été envoyée au
monde pour détruire toute la beauté, tout fondement solide et toute
rédemption. Faire le mal aux êtres humains et à l’humanité est presque
un instinct juif. »
Topcu ne dit pas « qui » a envoyé les
juifs sur terre pour causer du tort à l’humanité et pourquoi. Mais
apparemment la génération des turcs Islamistes des années 70 a pris ses
théories trop au sérieux.
Oui, le président Erdogan est un
politicien pragmatique. Mais pas toujours. Surtout lorsque son
moi-pragmatique rencontre son moi-émotionnel: C’est le paradis!
Avez-vous encore des questions sur son histoire d’amour passionné avec
le Hamas? Relisez encore une fois les extraits de Topcu. Ouvrez ensuite
la charte du Hamas, lisez cette caricature de texte et comparez ses
lignes avec celles du philosophe turc. Maintenant vous avez une
meilleure lecture de la pensée de M. Erdogan.
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